Moins dérangeants politiquement pingouins

A question about French modifier ordering.

Juste une petite question aux francophones, déclenchée par une phrase dans Libération d’aujourd’hui :

  • Ce n’est pas le documentaire sur les méfaits des hommes d’Enron qui gagne l’Oscar mais les moins dérangeants politiquement pingouins français («La Marche de l’empereur»).

L’ordre des adjectifs et autres adjoints du nom, cela n’a rien de dérangeant pour vous ? Si oui, la section des commentaires serait ravie d’accueillir vos améliorations.

P.S.: C’est quoi la différence entre une congratulation et une félicitation ?

  • Après toute les félicitations, congratulations et les habituels remerciements émus, la statuette dorée à la main – à ses parents, mais aussi à son agent, à son manager, et même son avocat…– la communauté hollywoodienne est remontée dans sa longue file de limousines, poursuivie par une flottille d’hélicoptères des télévisions, pour aller fêter cette très belle soirée.

(On ferme les yeux sur l’erreur d’accord — je n’ai pas le droit de râler contre cela, vu que j’en fais des masses. Ceci dit, je n’ai pas de correcteur qui relit ce que j’écris, et le français n’est que ma cinquième langue par l’ordre d’apprentissage, et troisième par la confiance dans mon expression écrite…)


The Eggcorn Database has its own forum now. I also made some changes to the posting rules. Oh, and we’ve managed to pass the threshold of 500 eggcorns this month.

Sometimes apparently simple entries can turn out to be more complex than meets the eye. Yesterday, Kaz Vorpal entered the substitution of flounder v. for founder v. This one had been suggested several times and is cited in many collections of usage advice, but I always resisted entering it. I saw it as an example of a confusion about which is which among two “complicated” words. (My rule of thumb for eggcorns: a “difficult” word is replaced with an “easy” one.) So I edited Kaz’ entry accordingly. But Arnold Zwicky didn’t agree, and he had the data to show that some people think of flounder, the fish:

In fact, some people have explained to me that “flounder” is the word to use, because a ship in this sort of distress flops about like a fish — a flounder, in particular — out of water. The association with flounder (the fish) seems to be unetymological: OED2 labels it “of obscure etymology”, suggests various non-fishy sources, and gives as its earliest sense the not particularly fish-related ’stumble’ (attested from 1592). But then the sense extended to ’struggle violently and clumsily, struggle in mire’ and the way was open for comparison to a flopping flounder. (Suspiciously, several of the OED2’s citations actually mention fish.)

Now wouldn’t that make for a great borrowing into German, where the fish is called Flunder?#[1] Herumflundern (gloss: flounder about/around) has a great sound to it.#[2] And indeed, at least one person has had the idea already:

  • Das Problem scheint in der Tatsache zu liegen, dass wir irgendwo mittendrin stecken, und herumflundern wie ein Fisch ausserhalb des Wassers. (link)
    [The problem seems to lie in the fact that we are stuck somewhere in the middle of this, and are floundering about like a fish out of water.]

And there seems to be a dialectal German verb, flundern, which I’m not familiar with.


[1]: Much, much better than what the Deutsche Bahn, the German railway company, does with their “InfoPoints” , “Economy Vierer” compartments, “Bahn & Bike” trains and the “BahnCard Teen” (a travel pass for 12 to 17 year olds). [2]: And it’s an occupation I’ve been getting much practice in lately. I’m starting to suspect short-term memory problems, but that’s another topic.


Mon pin’s est greenz

English translation in preparation. This post explores a specifically French phenomenon: the extraneous z, which, pseudo-English like, keeps cropping up at the end of words in the most unlikely fashion.

Ça y est, j’ai décidé de me mettre à la collection des z superfétatoires, ces lettres à valeur plus ornementale que grammaticale, qui s’accrochent, sorties d’on ne sait pas bien où, à la fin de mots et ponctuent les panneaux publicitaires et autres écrits de l’espace publique.

Fanta Greenz bouteille

Si vous me connaissez vous savez que je n’ai rien d’une gardienne de la langue. J’aime bien les anglicismes et autres emprunts pourvu qu’ils soient intelligents et employés à bon escient. Je ne prétends même point que mon escient soit toujours bon… et il m’arrive de commettre des germanismes en français, des gallicismes en anglais, et les deux en allemand.

Ceci dit, c’est bien un petit mouvement de recul effrayé qui m’a donné envie d’y regarder de plus près  Il y a deux jours, assoiffée et enveloppée dans la chaleur de la ville estivale, j’entreprends d’acquérir une bouteille d’eau minérale. Alors, mon regard s’arrête sur une canette tout en vert fluo, sur laquelle il est écrit le nom de la boisson : Fanta Greenz.

Bien que n’aimant pas les sodas, je le considérais comme mon devoir d’amatrice de langues de laisser tomber l’eau et de m’abreuver de cet étrange mélange de jus de melon, citron vert et pomme, de sucre et d’arômes chimiques. Qui dit que ma passion ne me fasse courir de risques corporelles… (J’admets que j’avais bien moins soif après l’avoir bu.) L’Intenet (de telles infos sont le point fort de Wikipédia) m’apprend d’ailleurs qu’en France, le Fanta (pourquoi « le » ?) existe aussi au parfum « Latina » et « Madness ».

Fanta Greenz 6 canettes

Au commencement de cette folie, je suppose, était le boyz band. Peu importe qu’une telle troupe musico-dansante s’appelle boy band dans la langue de Robbie Williams (et boy bands au pluriel), en France, c’est très souvent comme ça qu’on l’écrit.

Pour dater son entrée sur les territoires de la langue française, nous pouvons nous tourner vers les forums Usenet, antérieurs à Internet et archivés par Google Groups. Dans les fils discussion en anglais, l’orthographe « boyz » se trouve à partir de 1986 dans certains noms (« Pink Boyz ») de groupes de musique « gaffa » (je n’ai aucune idée à quoi cela ressemble), et dans l’imitation du langage enfantin ; elle a certainement été employée, occasionnellement, avant cette date.

Dans l’espace francophone, l’emploi de « boyz band » comme nom propre apparaît pour la première fois sous le clavier d’un/e certain/e deluca, le 19 Juin 1997 à 19 heures 54 minutes et 34 secondes heure de Paris sur le forum fr.rec.musiques :

Un truc que j’aimerais bien de savoir, c’est combien des chaines comme MCM recoivent pour faire leur emission uniquement consacree aux boyz band.

(Rappelons-nous qu’à cette époque les lettres accentuées faisaient parfois un joli bordel quand on essayait de les taper dans un forum Usenet sans procéder à des réglages pas toujours évidents.)

Cet exemple précoce du z superfétatoire en montre déjà les caractéristiques principales :

  1. L’aspect phonologique. Le phénomène prouve quand même une chose louable : Les locuteurs français ont compris que le s du pluriel anglais est une consonne sonore quand le dernier son du nom est soit une voyelle (comme dans « boys »), soit une autre consonne sonore (comme dans « greens », pluriel qui, notons-le, désigne les légumes vertes).

  2. Le z superfétatoire a la curieuse tendance de transformer toute expression qu’il touche en nom invariable : Admettons qu’on dise « un boyz band » en français. Le pluriel devrait être « des boyz bands », pas vrai ? Une recherche sur les pages francophones de Google nous montre que l’usage hésite. Les boyz band invariables sont légion.

Ce que les moteurs de recherche nous apprennent en outre, c’est que « boyz band », tout comme les autres noms au z superfétatoire, peut prendre un apostrophe facultatif et, je suppose, ornemental lui aussi. Il peut se mettre au choix avant ou après, ce qui donne « boy’z band » et « boyz’ band », attestés tous les deux.

Comme tout nom commun qui se respecte, « boyz band » peut remplir toutes les fonctions grammaticales que les noms peuvent endosser. Il peut même devenir une synecdoque et faire référence à un membre unique d’un tel groupe. Ainsi, un certain Gégé nous apprend:

Ma carrière de boyz band avait été aussi courte qu’humiliante et je commençais à mal tourner.

Ce qui vient d’être dit vaut également pour les beaucoup plus rares « girlz band » en évidence.

Avant de terminer la première partie de cet exposé sur le z superfétatoire, mentionnons qu’il y a un précurseur du boyz band: le pin’s, avec son apostrophe-s ô combien logique. La deuxième jettera un regard plus pénétrant sur ce phénomène et s’attaquera aux « djeunz », ce non-anglicisme parfaitement Made in France.