En français, cela donne « calcul contrefactuel », terme pour le moins paradoxal. L’occasion — je n’ai pas encore vu d’article dans la presse française, mais cela ne devrait pas tarder — en est un résultat de recherche en calcul quantique d’une équipe de chercheurs de l’Université de l’Illinois/Urbana-Champaign (États-Unis) : Leur dispositif expérimental a trouvé le résultat d’un algorithme sans en fait le faire tourner. Ceci est possible justement en utilisant ce calcul contrefactuel, défini comme un mode de calcul qui utilise des informations portant sur ce qui ne s’est pas passé.

Le résultat a été publié dans l’édition du 23 février de la revue Nature, disponible en ligne — aux abonnés.

[Le vérificateur d’orthographe ne connaissait pas : contrefactuel ; le TLFi non plus, d’ailleurs.]


  1. Who are you callin’ ungrammatical? — un bon article de Jan Freeman, correctrice et chroniqueuse sur les questions de langue au Boston Globe. Vous l’aurez déviné : elle parle de whom et de sa disparition.
  2. American Accent Undergoing Great Vowel Shift — un entretien avec le linguiste William Labov dans l’émission All Things Considered, animée par Robert Siegel sur la radio publique américaine. Via Mark Liberman sur Language Log, qui nous apprend la triste nouvelle que, suite à sa parution sous forme de livre plus CD, le Atlas of North American English, fruit des recherches du professeur Labov, ne sera plus accessible librement en ligne.
  3. Le mot de la fin — les chroniques du lexicographe Alain Rey sur France Inter (chaque matin de lundi à jeudi) sont disponibles sous forme de podcast. Excellent.
  4. Speaking in Minor and Major Keys [.pdf] — via Argonaut, un article de recherche par Maartje Schreuder, Laura van Eerten et Dicky Gilbers, qui ont trouvé dans l’intonation de la parole des tonalités (musicales) mineures associées à la tristesse et des tonalités majeures associées au bonheur, en faisant lire à leurs sujets des extraits de Winnie the Pooh en néerlandais. Pour la tristesse, c’est Eeyore qui parle, et le bonheur et l’energie, Tigger.

Amuse-bouche to zaibatsu

Des entrées nouvelles dans le Merriam-Webster’s Collegiate® Dictionary, l’un des dictionnaires les plus réputés de la langue anglaise.

New entries in the 2005 edition of Merriam-Webster’s Collegiate® Dictionary.

I was slightly surprised about the new sense of neoconservative. There must have been some semantic variation over the last few years.


  • 2005-09-26
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It is reassuring to know that the Paris police Préfecture has been making plans in the event of terrorists attacking several places at once, like in Madrid or London. According to a Libération article, the first step would be to get everyone out of the public transport network: Si un jour, un attentat […]

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  • 2005-09-04
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L’exemple type d’un acte de parole susceptible d’entraîner des dégâts réels est « crier au feu dans un théâtre bondé ». Il faudrait peut-être remplacer cet exemple par « crier au kamikaze dans une foule épaisse ». La semaine dernière a été bien trop meurtrière. (Je me rends compte que ni l’une ni l’autre des deux énoncés n’est, à proprement dire, […]

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Les rennes en rose

Some eggcorns seem to transcend languages. Or rather, some idioms seem to undergo eggcornification in several languages at once. In English, scapegoat has been turned into escape goat and scrapegoat. As for the French equivalent, bouc émissaire has at least four eggcorn versions.

The extremely common eggcorn rein»reign has a French cousin, too. Except that in French, people don’t take the reigns, but the reindeers of power.

According to my estimate, prendre les rennes de … amounts to over 10% of the instances where standard French would have required rênes.

J’ai déjà fait allusion à cela : certaines locutions semblent plus enclines que d’autres à se laisser transformer en poteaux roses. Et le phénomène peut transcender les frontières linguistiques. Ainsi, le pauvre bouc émissaire pointe le nez déguisé en bouquet misère, bouquet mystère, bouc et misère, bouc et mystère et ainsi de suite. Mais son homologue […]

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Les poteaux roses, c’est auripilant

The word horripilant comes from horreur and not from any word that derive from the root aur- (gold).

Asphondylia auripila is a little gall midge, presumably covered in golden body hair.

  • 2005-07-22
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Trouvailles : Quel plaisir de faire violence à ce qui auripile nos oreilles. (lien) […] il se donne un genre qui m’auripile et je ne supporte pas sa façon de massacrer les chansons de nos grands chanteurs français. (lien) La n’est pas la question, mais ça m’auripile de vous entendre dire: “Attention aux motos Ecoles”, vous en avez eu […]

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… où l’on découvre les poteaux roses

This is a long overdue post on French eggcorns, with an introduction and (in the second instalment) a collection of about 40 of “poteaux roses”.

Les lecteurs/trices francophones qui ne jettent pas les gants devant les billets rédigés dans la langue de JK Rowling ont déjà rencontré un genre d’entités mystérieuses appelés eggcorns. Il est grand temps que /ser.ənˈdɪp.ɪ.ti/ leur consacre un article en français. Le voici. L’histoire des eggcorns a débuté il y a deux ans, quand les professeurs de […]

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Finex ! Pooo !

Interesting (but too short) article on the language of the French military — slang, phonetic idiosyncrasies, and lexicalised initialisms. The source is a semi-confidential manuscript written by an unnamed officer.

Remarkable examples: “PMF” for “woman”, from the collective term “female military personnel”; “IAL” for “drinking straw”, from “interface for liquid food”. And so on.

A general is called a “leek”. Why? Because his head is white, but his shaft still green.

The “translation” of an excerpt from Little Red Riding Hood (that would be “LRRH”, or “PCR” in French) is particularly amusing.

  • 2005-07-14
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Libé parle langue dans un article de Jean-Dominique Merchet consacré à l’argot militaire (14 juillet oblige). S’il est assez vague sur sa source, «  un petit document semi-confidentiel » (à mon avis, c’est celui-ci ; voir également là) rédigé par un officier anonyme, cet aperçu de particularités lexicales — lexicalisation de termes et sigles issus du jargon bureaucratique […]

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Tiens, encore un néologisme que Jean Véronis aurait pu pêcher s’il avait jeté sa ligne dans les flux RSS de Libération: blog-bouler, adj. (dérivé du part. passé) blog-boulé/e. La jeune E., collégienne, n’a tenu son blogue que depuis un mois qu’elle s’est fait épingler sur des “propos injurieux”. Elle a échappé de justesse à l’exclusion définitive, […]

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