Citations d’hier

Three quotes, two from yesterday, one from today. I’m leaving the post in this bilingual version: there’s an English translation for the one that was originally in French.

There is much less of a conflict between journalists and bloggers here in France; I even think this struggle might be a phenomenon that is particular to the US. On the contrary, quite a number of journalist have blogs, and their notes, penned in a personal, more intimate voice, are often a more interesting read than the articles the same journalists write for their newspapers.

… et une d’aujourd’hui.

Les journalistes qui bloguent, ne serait-ce que dans un coin du site officiel de l’organe de presse auxuels ils sont rattachés, apportent un je-ne-sais-quoi de parole à la première personne qui change du baratin des journaux.

Voici la description de Pascal Riché, correspondant de Libération à Washington, du spectacle qu’il s’est offert à ses yeux et à ceux de son compagnon de route, Julian Borger (du Guardian), hier à La Nouvelle Orléans :

Des milliers de gens étaient agglutinés autour du Convention Center, abandonnés à eux-même. Ils attendaient des bus qui ne venaient pas. Plusieurs sont morts, et les autorités n’ont même pas emporté les cadavres qui restent là, posés à même le trottoir. On leur jette des rations alimentaires et des bouteilles d’eau du haut d’un hélicoptère, ou du haut du pont voisin. Comme à des pestiférés. Ils vivent dans la peur, surtout la nuit, à cause des gangs, des armes. Ils ont soif et faim. Les toilettes du centre débordent d’excréments. Vous pouvez imaginer l’état d’exaspération et de colère de ces gens. “Ecrivez que si les bus ne viennent pas, on va mettre le feu à la ville” m’a juré un type.

Car l’autoroute est juste à côté est parfaitement sèche. Les aider, les tirer de là, serait facile. Pourquoi a-t-il fallu attendre quatre jours pour commencer à leur promettre des bus ?

Au début, en débarquant dans cette foule en colère, nous avions un peu peur. Aucun n’a été agressif, tous ont été amicaux, clamant simplement leur indignation, leur souffrance, et leur sentiment profond d’être traités comme des animaux parce qu’ils sont noirs et pauvres.

[« Thousands of people were crowded around the Convention Center, left to their own devices. They were waiting for buses that didn’t come. Several have died, and the authorities haven’t even taken away the dead bodies that are laid out on the sidewalk. Food rations and bottles of water are being thrown down to them from a hovering helicopter, or from a neighboring bridge. As if they had the plague. They are frightened, especially at night, because of the gangs, the arms. They are hungry and thirsty. The toilets of the center are overflowing with excrement. You can imagine how exasperated and angry these people are. ‘Write that if the buses don’t come, we will burn down the city,’ a guy promised me.

Because the highway is very close and perfectly dry. To help them, to get them out of there would be easy. Why was it necessary to wait four days to start promising them busses?

In the beginning, when we entered this angry crowd, we were a bit scared. None of them has been aggressive, all have been friendly, and were simply venting their indignation, their suffering and their deep-seated feeling that they are being treated like animals because they are black and poor. »]

Les notes de Adam Brookes sur le Reporters’ Log de la BBC (également d’hier) sonnent sensiblement pareil :

[16:00 GMT] There’s a very aggressive police presence. They don’t stop and talk to the refugees at all and they don’t communicate with them. They just speed by in their pick up trucks and their cars pointing shotguns out of the window as they go. It’s quite extraordinary behaviour. And these desperate people are waiting for evacuation. The police behaviour makes them all feel like suspects.

Every now and again a military helicopter comes in, it hovers over a car park and soldiers throw out big boxes of bottled water and food ration packs and then a great tide of young men come running in and start fighting for the food. This means that the most vulnerable people, the sick and elderly, many families don’t get a shot of the food coming down. There are five corpses there, at least from what we’ve seen today, it could be a serious development.

[17:24 GMT] One army veteran, sick with diabetes, with no medications, asked me why if the United States is capable of invading a country half a world away, wasn’t it capable of driving him 10 miles across the river.

It was as if in his mind the very idea of Americanness and citizenship was being betrayed.

Donc, pourquoi la Croix Rouge n’était-elle pas présente à côté de ces réfugiés ? Simple: ils ont reçu des ordres. La Garde Nationale contrôlait l’accès à la ville, et le département de la « Homeland Security » ne voulait pas créer des conditions trop « favorables » au maintien de quiconque dans la ville sinistrée :

Hurricane Katrina: Why is the Red Cross not in New Orleans?
  • Acess to New Orleans is controlled by the National Guard and local authorities and while we are in constant contact with them, we simply cannot enter New Orleans against their orders.
  • The state Homeland Security Department had requested–and continues to request–that the American Red Cross not come back into New Orleans following the hurricane. Our presence would keep people from evacuating and encourage others to come into the city.

Quelqu’un a fait exprès de laisser des êtres humains souffrir et mourir dans une ville transformée en enfer. Merci à tous ceux et celles qui ont gueulé, pour que finisse ce spectacle indigne et meurtrier.

(La dernière citation via Rivka, chez Respectful of Otters ; remerciements à Magpie.)


Interview with New Orleans mayor Ray Nagin, uncensored

Plusieurs liens vers un entretien donné par le maire de la Nouvelle Orléans, Ray Nagin, hier sur une radio locale. C’est la version non-censurée, sans les « beep » que CNN a insérés pour camoufler les gros mots. Un document extraordinaire.

Debi Jones Joan Touzet, who blogs at An Atypical Life, has put up an uncensored recording (mp3 file, 3.2 MB) of the interview that the mayor of New Orleans, Ray Nagin, gave to the radio station WWL-AM yesterday. I am locally mirroring the file here; another mirror is here.

Via Debi Jones, who links to more mirrors. You can also listen to the WWL-AM live feed .

I understand that a “bleeped” version has been or is being aired on CNN International here in Europe. This is a remarkable document that I think is worth listening to to the end.

Quote (added later — I wasn’t sure about the “doggone” part):

And they don’t have a clue what’s going on down here. They flew down here, one time, two days after the doggone event was over, with TV cameras, AP reporters, all kind of goddamn — excuse my French, everybody in America, but I am pissed.

Regular blogging will resume shortly. Stay tuned.

UPDATE: I have given Anna Stevenson’s excellent transcript a once-over (a small number of corrections and additions of disfluencies, mostly).


Les rennes en rose

Some eggcorns seem to transcend languages. Or rather, some idioms seem to undergo eggcornification in several languages at once. In English, scapegoat has been turned into escape goat and scrapegoat. As for the French equivalent, bouc émissaire has at least four eggcorn versions.

The extremely common eggcorn rein»reign has a French cousin, too. Except that in French, people don’t take the reigns, but the reindeers of power.

According to my estimate, prendre les rennes de … amounts to over 10% of the instances where standard French would have required rênes.

J’ai déjà fait allusion à cela : certaines locutions semblent plus enclines que d’autres à se laisser transformer en poteaux roses. Et le phénomène peut transcender les frontières linguistiques. Ainsi, le pauvre bouc émissaire pointe le nez déguisé en bouquet misère, bouquet mystère, bouc et misère, bouc et mystère et ainsi de suite. Mais son homologue anglais n’est pas mieux loti: pour scapegoat, la petite tribu des eggcornologues a déjà relevé escape goat et scrapegoat.

Quand une locution a un équivalent dans une autre langue, il est sensé de chercher des poteaux roses équivalents. D’autant plus que parfois, dans chaque langue, il existe toute une flopée de paronymes aux racines et étymologies apparentées.

Un « eggcorn » particulièrement fréquent, au point qu’on peut le considérer comme presque acceptable en langue standard, est la substitution de reign(s) (« règne(s) ») pour rein(s) (« rêne(s) ») : dans l’ordre décroissant d’acceptabilité les locutions free reign, reign in et take the reigns of power sont extrêmement courantes. Au point que toutes les trois se retrouvent sur les pages de journaux de qualité (dont le Guardian).

Le français, de son côté, connaît prendre les rênes du pouvoir (ou d’autre chose d’ailleurs), littéralement la même expression qu’en anglais. Comme substitut, règnes, phonétiquement trop éloigné de rênes, ne convient guère. Mais que trouve–t-on dans dans les petits billets de mon ami Laurent Gloaguen ?

  • « La charmante Emmanuelle Skyvington, journaliste de son état, coupable d’un dossier grand-public sur les blogues dans Télérama, mettant en vedette, de façon indue, un blogueur prétentieux et imbu de lui-même, vient de prendre les rennes du blogue de l’hebdomadaire sus-cité. » (lien)

Et il est loin d’être le seul … quelques centaines d’auteurs de site web ont fait pareil. Et pas n’importe qui :

  • « En attendant de prendre les rennes de l’Europe en 2008, l’Anglais pourrait gonfler son record personnel en 2006, Ian Woosnam n’écartant pas l’idée de sélectionner Faldo si celui-ci présente un niveau de jeu lui permettant de rivaliser avec ses adversaires américains. » (Radio France)
  • « Fin prêt à prendre les rennes du pouvoir, le nouveau chef libéral a d’ailleurs déjà promis un poste de premier plan au ministre Ralph Goodale, afin de contrer le sentiment d’aliénation de l’Ouest canadien. » (Radio Canada)
  • « Le rôle de la région et de la communauté internationale doit être renforcé par la volonté des Haïtiens eux-mêmes de prendre les rennes du développement.  » (ONU)
  • « Darius estime alors qu’il est le seul capable de prendre les rennes de l’émission mais le succès lui monte un peu à la tête et il ne tarde pas à se prendre pour Néron. » (ifrance)

Nous sommes à un taux de plus de 10% de poteaux roses, selon l’estimation livrée par les moteurs de recherche.

L’ère équestre est derrière nous, et les mammifères ruminants de la famille des Cervidés vivant dans les régions froides de l’hémisphère nord (je copie sur le TLFi) ont pris le dessus.

Ce poteau rose a de beaux jours devant lui.


You wouldn’t mind taking another look at this, would you?

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A matter of perception

Petit rappel : La langue officielle de l’Union postale universelle est le français. Même pour des envois entre le Japon et les États-Unis.

  • 2005-08-12
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Mark Liberman receives a parcel from Japan (with an interesting book inside), and wonders why a shipment from Asia to America should be marked with a stamp in French saying BUREAU DE POSTE - MUSASHIFUCHU JAPON - TAXE PERÇUE: I didn’t know that percevoir can mean “to receive (payment)” as well as “to perceive” […]

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On Culture Vulture, the Guardian’s cultural news blog, Sarah Crown reports on the difficulties of turning Philip Pullman’s excellent and complex His Dark Materials trilogy into a film. The putative director, Chris Weitz, has just resigned from the job. A little further on, there’s a paragraph on something I’d heard about before: Weitz, who […]

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Show me your vowels!

L’accent écossais, ou : comment analyser les voyelles quand on a du mal à bien les distinguer à l’oreille nue.

This is a bit of a side-piece to the investigation into the pronunciation of the and a — reduced or unreduced? in which context does which form occur? My previous posts are here and here, Mark Liberman’s principal ones here, here, here and here, and David Beaver chipped in here and here. Looking into when a […]

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Apostrophe

Les apostrophes, ce douloreux problème.

En déplorant les effets des anglicismes sur nos langues d’Europe continentale, n’oublions-nous pas les entorses que nous faisons aux règles de la langue anglaise ?

  • 2005-08-07
  • Comments Off

Isn’t there an extraneous apostrophe in the logo of this Firefox extensions repository?

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[I’ve considered giving this post the English title Pragmatic breakdown because breakdown is just so much more expressive and general than the French panne, which mostly refer to cars breaking down. But the event this is going to be about happened in the French blogosphere, so a French title is it.] Yes, I know, I owe […]

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  • 2005-08-03
  • Comments Off

I’ve played around with anagrams of my name before, and even had “A Chisel Writing” in the tagline for a while. But now Jean Véronis takes the name-anagram fun one step further with his pen-name generator. (Yes, in French, but you won’t have any problems figuring out how to work it.) Unlike the previous anagrams, these […]

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