• 2005-01-11
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Avec un peu de recul, quelques remarques de plus sur l’affaire Guillermito/Tegam. (Après les parties une et deux, en anglais, ce billet a une version française.)

Primo, c’était un plaisir de rencontrer Veuve Tarquine à Paris Carnet. Elle m’a expliqué que contrairement à ce que j’avais écrit, l’avocat de Tegam n’était pas mauvais, mais qu’il suivait une stratégie légale par nécessité. Compte tenu du fait qu’il n’était même pas acquis que Guillermito ait commis une infraction ou contrefait le logiciel en question, et vu le sérieux et la pertinence de ses analyses, l’avocat ne pouvait que tenter de rabaisser Guillermito et pratiquer l’obscurantisme par rapport aux aspects techniques.

Deuxio, Lunar (à qui j’ai pu parler aussi) a mis le doigt sur le sexisme de l’institution judiciaire, un point qui m’a effleurée depuis que j’ai commencé à lire Eolas. Le procureur dans la rôle du Père-avec-un-grand-P, l’absence totale de progrès sur la féminisation des noms de fonction et métier dans ce domaine, sont en conflit avec la réalité pratique, les nombreuses avocates et juges et même procureures qu’on voit dans le Palais de Justice. D’accord, on ne va pas encore pouvoir se passer de l’apellation « Maître » car la forme féminine remplit déjà deux fonctions bien différentes. Sauf à abandonner un peu de formalité et de rituel, ce que ne serait pas forcément une mauvaise idée, mais ce n’est pas moi qui décide.

Ensuite, il y a des surprises dans les fils de discussion sur les blogues de nos chers avocats-blogueurs. Bon, des surprises pour ceux qui n’ont pas l’habitude des Pieds Nickelés de la guéguerre informationnelle. A lire chez Veuve Tarquine et Eolas. Je me demande à qui cela profite de vilipender les mobiles de Guillermito et faire la pub pour Tegam. Ce ne serait pas la même stratégie que celle mentionnée plus haut ?

photo d'un tableau représentant Justice dans la chambre correctionnelle n°10 à Paris

En ce qui concerne l’aimable commentateur de chez Veuve Tarquine qui exige la condamnation de Guillermito, remarquons d’abord que cela est précisément un des enjeux de la décision du tribunal, à savoir trancher si la loi a été transgressée ou non. C’est la première fois qu’il y a un procès de ce genre en France. Et même s’il se trouve que les juges considèrent que c’est le cas, dans un État de Droit de type démocratique on peut ne pas être d’accord avec la situation légale actuelle. La loi, ça se change, ça se réforme. On a tout un parlement pour ça. Et sa profession d’avocate n’empèche pas que Veuve Tarquine ait des opinions et les exprime librement.

Ce dédain pour le droit à la libre expression, bien moins présent pendant le procès que l’insistance sur celui à la libre concurrence, est l’une des raisons pour laquelle les propos du procureur ont trouvé un tel écho. Il a bien dit que quand on trouve des défaut dans un logiciel, « il n’y a pas d’autres » possibilités que soit créer un produit concurrence et faire confiance à « la libre concurrence, le meilleur mécanisme d’améliorer les produits », soit d’aller déposer plainte à la police de la consommation, soit, à la limite et seulement si on est journaliste, écrire un article dans les strictes limites du loi sur la presse. Le consommateur moyen n’a pas à comprendre, ni à apprendre comment fonctionne l’informatique. Il a à se soumettre.

Enfin, j’ai trouvé, encore chez Veuve Tarquine, une image de la Justice qui trône au-dessus des juges dans la salle où a eu lieu le procès. Je le reproduis avec permission. Son regard lointain, en l’espèce, était fixé sur Monsieur le Procureur de la République.


Trois rencontres créés par l’hasard. Toutes ont eu lieu dans les halls et couloirs souterrains de la ligne 14 du métro parisien. Pour les deux premières, ça s’est produit jeudi dernier, après les au-revoirs avec Steph, Gare de Lyon. La dernière, lundi. J’habite près d’un des deux terminus de la ligne 14.#[1] C’est ma ligne.

  • Hostilité. Deux femmes station Gare de Lyon, aux tourniquets. L’une est déjà de l’autre côté, l’autre derrière moi. Je n’ai pas l’habitude de m’offusquer des gens que la RATP apelle les resquilleurs : sauter et laisser sauter, ce sont les us et coutumes du pays. Mais ce jour-là, je suis crevée, je tremble, je tiens à peine debout. Je ne me rends donc pas compte de leur manœuvre.

    La première femme couvre de sa main la cellule infrarouge pour que le tourniquet reste ouvrert après mon passage. Problème, elle est trop rapide, elle empèche la barrière de s’ouvrir devant moi. Je grommelle un peu. Et une fois passée, c’est l’assaut verbal. « Qu’est-ce que ça va te couter de nous laisser passer avec toi ? Connasse ! … ». Je me demande si je vais me faire taper dessus par une femme plus petite que moi. Je brédouille.

    Et c’est là que tombe la phrase. « Je te casse pas les couilles, tu me casses pas les couilles. » Dans une conversation, pour ainsi dire, entre deux femmes, cela fait bizarre. Je me détends involontairement. La situation se détend aussi. Je poursuis mon chemin, elles poursuivent le leur.

  • Le cuisinier collant. A peine échapée à la rencontre précédente, je gagne le quai et m’assieds. Un homme, tiré à quatre épingles, costume-cravate, manteau-serviette me salue. C’est la panique chez moi — peut-être devrais-je le connaître ?

    Moi, je me sens crade, vétue d’un vieux jeans, rêvant d’une bonne douche. J’essaye de faire le minimum de conversation (et puis, c’est idiot, la manière dont les gens ne se regardent pas dans le métro, non ?). Il a un énorme livre de cuisine illustré sur ses genous. J’ai donc un coup d’inspiration et sors la question originale, « C’est un livre de cuisine ? » Grosse erreur. Il est cuisinier. Me raconte son métier. Son adhésion (ou élection ?) à l’Académie Nationale de Cuisine (ou quelque chose comme ça). Et m’intérroge.

    Je ne veux pas parler de moi, ni de ce que je fais, je parle donc de l’internet et des blogues. Avantage : il n’en connaît rien. J’échappe à peine aux bises quand nos chemins se séparent enfin. Déconcertant.

  • Les deux idiots. Idiot, ça vient du grec et signifie personne privée, personne ne se souciant de rien au monde que de soi-même.

    Exemple. Je suis sur l’escalator qui mène sur le quai. Une rame attend, prête au départ. (Rappelons que c’est le terminus.) Devant moi il y a deux hommes de mon âge, qui parlent de leurs iPod, Palm, portables, qu’en sais-je. Et avancent avec une lenteur qui me met sur les dents.

    On est à quelques mètres des portes quand le signal (sonore) retentit. Et les deux badauds règlent leur vitesse de manière qu’ils parviendront à monter, mais personne derrière.

    J’y suis quand même arrivée, j’ai les bleus sur les bras pour le prouver. Oh, quelle innocence offusquée quand je leur jette des regards à fendre l’acier, leur tire dessus avec mes yeux.


[1]: « Terminus. Tous les voyageurs sont invités à déscendre. Last stop. Would all passengers kindly leave the train. Terminal. Invida a todos los pasajeros a bajar. »


La nouvelle « peau » de serendipity vient d’être mise en ligne. Je l’ai conçu et testé sur des navigateurs qui observent les standards du web. En ce qui concerne Internet Explorer, je me collerai à la tâche (pénible) de négocier avec ses faiblesses dès que j’ai le temps de rédemarrer mon ordi sous Windows. Le site devrait être lisible déjà même pour les utilisateurs/trices de IE.

Pour les intéressés, il s’agit d’un vrai thème bilingue pour WordPress v. 1.5-beta.


A l’aide, je deviens accro de poésie anagrammatique ! Voici les derniers résultats de la recherche (deux en anglais, un en français)  et d’autres encore sont en cours d’assemblage. Chaque poème est dédié à un/e ami/e en ligne ou non. Si vous vous retrouvez, vous pouvez garder le votre. ah bland honey jar ann had herbal joy rehab only […]

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  • 2005-01-08
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Les commentaires étaient hors service pendant peut-être même plusieurs jours. Je présente mes excuses. Tout devrait être rentré dans l’ordre maintenant, mais le blogue est en train d’être mis à jour. Il se pourrait donc que vous deviez encore faire face à quelques pépins. En cas de casse majeure (comme l’impossibilité de lire les billets […]

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Anagram poetry

Poésie anagrammatique assistée par ordinateur.

GENITALIC WHIRS by A Chisel Writing erica whistling heliac writings citing welsh air a new girlish tic lawn-git cries hi wiling heirs act! angelic his writ within glaciers […]

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Rule of Law and of the free market (part 2)

Le procès de Guillermito, deuxième partie en anglais.

This is the second part of an article on Guillermito’s trial for criminal copyright infringement. The first part is here. It is not my goal to summarise the entire case: I am not a lawyer, copyright law is different in every country (and my knowledge of it little more than hazy), and I also don’t have […]

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Rule of Law part one

Le proces de Guillermito pour contrefaçon de logiciel. Pour une excellente collection de liens en français, voir chez Laurent.

  • 2005-01-05
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The new year started with a bang#[1]: Steph is visiting Paris. The more common tourist attractions aren’t good enough for this Anglo-Swiss star of the francophone blogosphere, so after lunch and some pleasant conversation, we went to a criminal trial. Not any old trial, of course, but Guillermito’s. French blogs are talking about the case […]

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