Avec un peu de recul, quelques remarques de plus sur l’affaire Guillermito/Tegam. (Après les parties une et deux, en anglais, ce billet a une version française.)

Primo, c’était un plaisir de rencontrer Veuve Tarquine à Paris Carnet. Elle m’a expliqué que contrairement à ce que j’avais écrit, l’avocat de Tegam n’était pas mauvais, mais qu’il suivait une stratégie légale par nécessité. Compte tenu du fait qu’il n’était même pas acquis que Guillermito ait commis une infraction ou contrefait le logiciel en question, et vu le sérieux et la pertinence de ses analyses, l’avocat ne pouvait que tenter de rabaisser Guillermito et pratiquer l’obscurantisme par rapport aux aspects techniques.

Deuxio, Lunar (à qui j’ai pu parler aussi) a mis le doigt sur le sexisme de l’institution judiciaire, un point qui m’a effleurée depuis que j’ai commencé à lire Eolas. Le procureur dans la rôle du Père-avec-un-grand-P, l’absence totale de progrès sur la féminisation des noms de fonction et métier dans ce domaine, sont en conflit avec la réalité pratique, les nombreuses avocates et juges et même procureures qu’on voit dans le Palais de Justice. D’accord, on ne va pas encore pouvoir se passer de l’apellation « Maître » car la forme féminine remplit déjà deux fonctions bien différentes. Sauf à abandonner un peu de formalité et de rituel, ce que ne serait pas forcément une mauvaise idée, mais ce n’est pas moi qui décide.

Ensuite, il y a des surprises dans les fils de discussion sur les blogues de nos chers avocats-blogueurs. Bon, des surprises pour ceux qui n’ont pas l’habitude des Pieds Nickelés de la guéguerre informationnelle. A lire chez Veuve Tarquine et Eolas. Je me demande à qui cela profite de vilipender les mobiles de Guillermito et faire la pub pour Tegam. Ce ne serait pas la même stratégie que celle mentionnée plus haut ?

photo d'un tableau représentant Justice dans la chambre correctionnelle n°10 à Paris

En ce qui concerne l’aimable commentateur de chez Veuve Tarquine qui exige la condamnation de Guillermito, remarquons d’abord que cela est précisément un des enjeux de la décision du tribunal, à savoir trancher si la loi a été transgressée ou non. C’est la première fois qu’il y a un procès de ce genre en France. Et même s’il se trouve que les juges considèrent que c’est le cas, dans un État de Droit de type démocratique on peut ne pas être d’accord avec la situation légale actuelle. La loi, ça se change, ça se réforme. On a tout un parlement pour ça. Et sa profession d’avocate n’empèche pas que Veuve Tarquine ait des opinions et les exprime librement.

Ce dédain pour le droit à la libre expression, bien moins présent pendant le procès que l’insistance sur celui à la libre concurrence, est l’une des raisons pour laquelle les propos du procureur ont trouvé un tel écho. Il a bien dit que quand on trouve des défaut dans un logiciel, « il n’y a pas d’autres » possibilités que soit créer un produit concurrence et faire confiance à « la libre concurrence, le meilleur mécanisme d’améliorer les produits », soit d’aller déposer plainte à la police de la consommation, soit, à la limite et seulement si on est journaliste, écrire un article dans les strictes limites du loi sur la presse. Le consommateur moyen n’a pas à comprendre, ni à apprendre comment fonctionne l’informatique. Il a à se soumettre.

Enfin, j’ai trouvé, encore chez Veuve Tarquine, une image de la Justice qui trône au-dessus des juges dans la salle où a eu lieu le procès. Je le reproduis avec permission. Son regard lointain, en l’espèce, était fixé sur Monsieur le Procureur de la République.


0 commentaire(s) pour 'Rule of Law, part three'

Pas encore de commentaire.