Tiens, encore un néologisme que Jean Véronis aurait pu pêcher s’il avait jeté sa ligne dans les flux RSS de Libération: blog-bouler, adj. (dérivé du part. passé) blog-boulé/e.

La jeune E., collégienne, n’a tenu son blogue que depuis un mois qu’elle s’est fait épingler sur des “propos injurieux”. Elle a échappé de justesse à l’exclusion définitive, le “blog-boulage” qui a déjà frappé douze de ses camarades blogueurs, selon Libé.

(J’en suis d’ailleurs soulagée. La réaction des collèges et des profs, certes objet d’insultes, me semble particulièrement déplorable. La différence entre prise de parole en privé et sur un blogue, le droit à l’image, des adultes n’y voient souvent pas clair. Il en reste que E. est toujours sous le coup d’une plainte déposée par sa prof de maths, et a déjà reçu une fessée par les soins de son papa.)

Blog-bouler est une sorte de mot-valisé créé à partir de blog et de blackbouler.

Le verbe blackbouler est, bien entendu, un emprunt — à demi un calque — sur l’anglais blackball. TLFi nous apprend qu’il n’est pas récent: sous la forme blackbull (non, aucun lien avec les bœufs), il apparaît en 1834, et une citation de quelques années plus tard emploie la forme que nous connaissons. À l’origine de l’expression est la pratique de voter une exclusion d’une communauté avec des boules blanches et noires.