The usage of the verb snob

Le verbe snober vient du nom anglais snob, emprunté par le français. Mais il ne se dit pas snob en anglais — je parle toujours du verbe —, mais snub. Peu surprenant que certains anglophones s’y perdent. Et même plus que ça : on trouve une foule de formations verbales faites à partir de snob, toutes absentes des dictionnaires.

When the sentence “He [Karl Marx] would probably snob his nose at it [blogging]” flickered by me on IRC some hours ago, I just thought that this was a nice blend of snob n., snub v. and the idiom turn up one’s nose at sth., possibly influenced by the semantically less pertinent snub-nosed. The pure eggcorn snub»snob was bound to be out there, so I set out to find cites and enter it into the Eggcorn Database.

Boy, I got more than I had bargained for. Not only is snob v. tr. a frequent eggcorn, it has also entered certain slangs and dialects, as in this example from the Wingham Chronicle, an Australian paper, talking about sheep shearers in the outback:

  • Good pen mates will share the sheep and work together as a team but as Rod explains […] if you draw a ‘Hungry’ pen mate and he ‘snobs you’ (goes to the back of the pen and picks all the best sheep) your count for the day could be severely affected, or you’d have to work your guts out to give him the same medicine to stop him from ‘snobbing the hell out of you’! (link)

Unsurprising, really — after all, snub so. is snober quelqu’un in French, derived from the borrowed snob.

But the example also contains snob the hell out of so., which, it turns out, opens a whole nother can of fish. In the sense behave like a snob, or close to it, transitive, intransitive or with a prepositional complement, I found snob so. off, snob so. away, snob it, snob so. into sth. and snob at sth.. And then there are the totally non-eggcornish derivatives of snob n.: out-snob so., de-snob, snob sth. up , and the adjectives snobbed up and snobbed out .

Wow. This is truly one of the more versatile English verbs I’ve come across lately. And it’s not even in the dictionaries I’ve checked.#[1]

If you want the whole story with examples, read the Eggcorn Database entry.


[1]: NSOED has snob v. i., marked “obsolete”, as a variant of snub in the sense “sob”.


Un article de Sarah Crown sur Culture Vulture, le blog consacré à l’actualité culturelle du Guardian parle des difficultés que rencontre le projet de faire un film basé sur la trilogie His Dark Materials (À la croisée des mondes en français ; le site du magazine Lire propose des critiques) de Philip Pullman. Le réalisateur pressenti, Chris Weitz, vient de jeter l’éponge.

Un peu plus loin dans le billet, on trouve un paragraphe qui reprend quelque chose dont j’ai déjà entendu parler (la traduction, assez littérale, est de moi) :

Weiz, qui compte continuer à travailler sur le film en tant que scénariste, a déjà fait des vagues par sa décision d’enléver du film toute référence à la réligion — pour, on peut le supposer, augmenter sa commercialisabilité outre-Atlantique [« Stateside marketability »] — bien que ce fait soit la véritable colonne vertébrale des livres.

[Weitz, who plans to continue working on the film as a scriptwriter, has already ruffled feathers by choosing to remove all references to religion from the film – presumably to boost its Stateside marketability - despite the fact that these form the very backbone of the books.]

Le mot marketability n’est pas l’un des plus beaux de la langue anglaise, mais il n’est pas nouveau. En tout état de cause, l’anglais crée avec une grande facilité des verbes dénominaux, les tourne en adjectives déverbaux qui ensuite se trouvent ré-nominalisés .

Mais… « Stateside » ? Pour faire référence aux États-Unis d’Amérique ? Je n’ai jamais rencontré cet épithète. Et ne devrait-on pas écrire « Statesside », à cause de la dérivation de « the States » ?

[Rajout : Je trouve un seul résultat sur Google pour le terme exact, et 499 pour « Stateside market ». Aucun avec « Statesside » en revanche, la suppression du deuxième S semblant être de rigueur.]


Tiens, encore un néologisme que Jean Véronis aurait pu pêcher s’il avait jeté sa ligne dans les flux RSS de Libération: blog-bouler, adj. (dérivé du part. passé) blog-boulé/e.

La jeune E., collégienne, n’a tenu son blogue que depuis un mois qu’elle s’est fait épingler sur des “propos injurieux”. Elle a échappé de justesse à l’exclusion définitive, le “blog-boulage” qui a déjà frappé douze de ses camarades blogueurs, selon Libé.

(J’en suis d’ailleurs soulagée. La réaction des collèges et des profs, certes objet d’insultes, me semble particulièrement déplorable. La différence entre prise de parole en privé et sur un blogue, le droit à l’image, des adultes n’y voient souvent pas clair. Il en reste que E. est toujours sous le coup d’une plainte déposée par sa prof de maths, et a déjà reçu une fessée par les soins de son papa.)

Blog-bouler est une sorte de mot-valisé créé à partir de blog et de blackbouler.

Le verbe blackbouler est, bien entendu, un emprunt — à demi un calque — sur l’anglais blackball. TLFi nous apprend qu’il n’est pas récent: sous la forme blackbull (non, aucun lien avec les bœufs), il apparaît en 1834, et une citation de quelques années plus tard emploie la forme que nous connaissons. À l’origine de l’expression est la pratique de voter une exclusion d’une communauté avec des boules blanches et noires.


  • 2005-07-03
  • Comments Off

  Sur Technologies du Langage, Jean Véronis nous propose une visualisation surprenante de néologismes. Il les a trouvés en déterminant lesquels des mots contenus dans le fil RSS du Monde étaient absents de ce qui est certainement le meilleur dictionnaire français en ligne, TLFi. Notons que ces mots sont loin d’être tous des emprunts à […]

 lire le billet »