Appel aux francophones

A small, informal grammar-judgement survey in French. Results and objective will be posted in a future entry.

J’ai besoin de votre jugement grammatical. Voici six phrases :

  1. J’en ai parlé avec quelqu’un, mais je ne me rappelle plus qui.
  2. Jacques a discuté du problème avec un de ses supérieurs, mais je ne sais pas avec qui.
  3. J’ai parlé de quelque chose avec Marie, mais je ne me rappelle plus quoi.
  4. Pierre a fait ce travail pour un de ses supérieurs, mais je ne me rappelle pas lequel.
  5. Olivia a fait ce travail avec une collègue, mais je ne sais pas qui.
  6. Il y a deux boutons : l’un sert à éteindre la lumière et l’autre sert à autre chose, mais je ne me rappelle plus quoi.

Ce que j’aimerais savoir pour chacune de ces phrases, c’est si, pour vous, elle est acceptable (grammaticalement parlant) 1) dans la langue courante (ni particulièrement soutenue, ni familière) ; 2) dans la langue familière, parlée. Deuxièmement, si vous jugez une phrase inacceptable, cela m’aiderait si vous m’indiquiez si, pour vous, il s’agit a) d’une entorse légère à la norme (c-à-d, il pourrait vous arriver de dire cela quand même), b) de quelque chose manifestement faux ou c) d’une horreur absolue.

Bien entendu vous êtes libres d’ajouter des explications, commentaires ou suggestions comment corriger les phrases, si nécessaire.

Pour ne pas orienter votre jugement, je garde le secret pour l’instant quant au but de l’exercice. Je vous promets une explication dans un nouveau billet dès que j’ai quelques commentaires.

Merci d’avance pour votre participation ! N’hésitez pas à vous y lancer — ce que je cherche est surtout l’opinion des locuteurs/trices moyen/nes, et non pas des dieux de la grammaire (il n’y a pas de piège dans les questions, d’ailleurs).


Langues régionales de France

There is an interesting blog-based debate going on about the value of teaching “regional languages” in French schools. The main languages in question are Breton, Corsican, Occitan, Basque, maybe Alsacian and some others — none of which is a French dialect (the word having been used with a pejorative connotation).

In discussions like these I realise how much of a Sapir-Whorfian streak I have developed.

Débat intéressant à blogs interposés entre Batims, qui exècre les langues régionales et leur enseignement et qui trouve, en gros, que cela sent le renfermé, et Pascal de chez Finis Africae#[1] qui, au contraire, nous fait une défense passionnée et exhaustive du multilinguisme, du patrimoine linguistique et de la richesse de toute langue, quelle qu’elle soit.

Extrait (Pascal):

Envisage-t-on un sermon de télévangéliste autrement qu’en américain ou en espagnol ? Non. Dans l’Exorciste, la tension monte durant tout le film pour atteindre son point culminant lorsque les deux prêtres scandent trente fois de suite à l’unisson et dans un silence total « the power of Christ compells you » ; cette construction et ce sommet dramatique apparaissent-ils lorsque le film est traduit dans une autre langue ? Non. Un anglophone peut-il vraiment comprendre toute la signification de la simple phrase Allah ouakbar ? Non (ce n’est pas un hasard s’il est interdit de traduire le Coran). Un francophone comprend-il vraiment tout ce que recouvre la гласност popularisée par Gorbatchev ? Non. Et puis surtout, nom de dieu de putain de bordel de merde de saloperie de connard d’enculé de ta mère, peut-on jurer dans une autre langue que le français ?

Inutile de le dire — mes lecteurs/trices réguliers/ères (s’il y en a…) auront deviné que je suis à 100 pour cent du côté de Pascal dans ce débat-là. Cela dit, je trouve que l’anglais se prêtre très bien aux jurons, alors que j’en suis quasiment incapable dans ma langue maternelle. La faute à l’endoctrinement précoce… en allemand, les femmes ne jurent pas.

L’insistance de Pascal sur la dimension culturelle — et j’ajouterais, le système formel — propre à chaque langue illustre bien pourquoi je suis légèrement Sapir-Whorfienne sur les bords, jonglant comme je le fais avec trois langues tous les jours. D’accord, je le suis peut-être un peu moins que Pascal.

Plus sérieusement, il y a plusieurs points à souligner. Comme le dit avec force Pascal, les langues ne servent pas qu’à communiquer. Avec le recul, je tire même la conclusion de mes deux années (malheureues) passées dans l’éducation nationale que c’est une erreur de mettre l’accent exclusif sur l’aspect communicatif dans l’enseignement de l’anglais au collège, au détriment d’une étude raisonnée de la langue d’une part et du contact intime avec des textes de l’autre. Mais c’est un long sujet sur lequel je reviendrai une autre fois.

Reste à constater que l’entraînement intellectuel — qui se passe pour la plus grande partie à l’insu des élèves — en est l’élément le plus important, largement supérieur en valeur que l’utilité immédiate. Il est d’ailleurs impossible pour des élèves francophones, et seraient-ils les pires des cancres, de suivre des cours d’une langue romane sans qu’ils enrichissent leur français

Je relève également l’emploi que fait Batims du mot « dialecte » :

Je râle, lorsque l’on me dit que c’est bien, de pouvoir passer je ne sais quel dialecte en épreuve optionnelle du bac.

C’est un peu triste, mais malheureusement répandu, de voir « dialecte » utilisé avec une connotation péjorative. C’est d’ailleurs un emploi abusif ici. Car de quelles langues parlons-nous ? Ont été évoqués le breton, l’occitan, le corse, le basque ; on pourrait y ajouter l’alsacien ou la LSF. Aucune de ces langues est une dialecte du français. À la limite on qualifierait l’alsacien comme un dialecte allemand (en tant que germanophone ayant vécu dans le Palatinat j’arrive plus ou moins à suive une conversation en alsacien) et l’occitan comme un dialecte catalan (ou plutôt, l’occitan et les variantes du catalan comme dialectes occitano-romans). Le corse est une langue romane à part entière ; l’intérêt du breton se trouve principalement dans son lien avec les autres langues celtes, plus éloignées dans les branchements de l’arbre indo-européen du français que les langues germaniques ou slaves. Plusieurs en font l’objet de mesures d’encouragement dans les Îles Britanniques. Reste le basque, langue intéressante s’il en est : personne n’a pu trouver une langue apparentée au basque, et les études sont encore au stade d’hypothèses.

Le basque et le breton nous rappellent des passés lointains, quand des régions de l’Europe furent habitées par des peuples aux origines et ethnies différentes des notres, aux cultures dont on ne sait encore trop peu. L’occitan et le corse renvoient à une époque un peu plus proche, à l’histoire du français lui-même et son cristallisation au sein de la famille des langues romanes.

Notons enfin que les humains sont parfaitement capables d’être mulitilingues. À l’échelle planétaire, cela est même la norme. Ce qui aiderait serait un enseignement véritablement bilingue dès l’école primaire, rare, pour ne pas dire quasi-inexistant en France. On sait maintenant ce qui marche : enseigner toute une partie des programmes du primaire dans la langue-cible. Allemand, chinois, anglais, arabe, corse ou basque, peu l’importe, pourvu qu’on le fasse pour une langue à la fois, pendant plusieurs années. Cela donne des enfants qui progressent plus vite en cours de langue (encore, quelle qu’elle soit) une fois arrivés au secondaire.


[1]: … dont il faut absolument aller voir la série Je sème à tout vent dont la dernière épisode se trouve ici : Pascal y reproduit, une à une, les lettrines du Petit Larousse de 1905 qui, pour chaque lettre, proposent des collections d’objets dont l’appellation commence par celle-ci.


It is reassuring to know that the Paris police Préfecture has been making plans in the event of terrorists attacking several places at once, like in Madrid or London. According to a Libération article, the first step would be to get everyone out of the public transport network:

Si un jour, un attentat se produit quelque part sur le réseau ferré ou métropolitain en région parisienne, «on peut s’attendre à une autre déflagration ailleurs, et on applique donc le principe de précaution : on évacue tous les passagers des trains et des métros, au bas mot 500 000 Franciliens qui empruntent les transports en commun à une heure de forte transhumance le matin ou le soir», rapporte un haut fonctionnaire.

[If one day there is a terror attack anywhere on the rail or underground network in the Paris agglomeration, “we can expect that another explosion will happen somewhere else and therefore apply the precautionary principle: we evacuate all the railway and metro passengers, at the very least 500,000 Ile-de-France residents who use the public transport network during an hour of great transhumance in the morning or in the evening,” says a senior civil servant. ]

There is of course much more to the plan — the article is quite long; but I’m stopping here because of the word I stumbled over.

It’s not évacuer: I’m quite sanguine these days about this usage#[1]. And let’s only note in passing Francilien, the term for a resident of the Ile de France region (of which Paris is the capital); that’s a former bureaucratic neologism which has caught on.

No, the one I’m intrigued about is transhumance, and that’s also the reason I didn’t translate à une heure de forte transhumance le matin ou le soir with the more idiomatic phrase during the morning or evening rush hour.

Transhumance exists in English and French, and spelling and sense are the same. Unlike what the excerpt might suggest, it doesn’t come from transporting human beings, though. Instead, it means the seasonal movement of cattle and other livestock from one pasture (Lat. humus means “earth”) to another, usually between the hight mountains and the lowlands. In German, that’s Almauftrieb in spring and Almabtrieb in autumn.

As I’m one of those 500,000 Ile-de-France residents, I’m slightly taken aback at being referred to in these terms.


[1]: During my school years, I remember being instructed never to use the German equivalent, evakuieren in this way: Since the literal sense of evacuating is emptying, you should only use it for places, buildings, trains and the like, but not for the people (who hopefully avoid being emptied in the process). Nowadays, this attitude is probably too nit-picky.

Il est rassurant d’apprendre que la Préfecture de Police a fait des plans au cas où il viendrait à l’esprit de terroristes de faire exploser plusieurs bombes simultanément quelque part dans l’agglomération parisienne. Un article de Libération nous apprend que la première mesure serait de sortir tout le monde des transports en public :

Si un jour, un attentat se produit quelque part sur le réseau ferré ou métropolitain en région parisienne, «on peut s’attendre à une autre déflagration ailleurs, et on applique donc le principe de précaution : on évacue tous les passagers des trains et des métros, au bas mot 500 000 Franciliens qui empruntent les transports en commun à une heure de forte transhumance le matin ou le soir», rapporte un haut fonctionnaire.

Le plan est plus complexe, bien entendu, et l’article en parle en longueur et en largeur. Mais j’arrête ici parce qu’un mot m’a fait tiquer.

Il ne s’agit pas d’évacuer. À la différence de mes années d’école, où on m’a appris de ne jamais utiliser l’équivalent allemand, evakuieren, pour des personnes mais toujours pour des lieux — son sens premier étant “vider” — je suis beaucoup plus détendu aujourd’hui quand c’est des gens qu’on vide, glissement de sens oblige.

Non, le mot bizarre est transhumance. Ce mot, que existe à l’orthographe et au sens identiques en français et en anglais, ne vient pas de transport d’êtres humains. Il signifie le mouvement saisonnier des animaux (vaches, brebis) entre des pâturages de haute et de basse montagne — en allemand, Almauftrieb au printemps et Almabtrieb en automne.

En tant que Francilienne faisant partie des 500.000, je ne suis pas totalement d’accord qu’on fasse référence à moi en ces termes là.


Linguistics in Ian Rankin’s Fleshmarket Close

Dans «Fleshmarket Close», le dernier tome paru de l’auteur de polars Ian Rankin, l’inspecteur Rebus visite un département de linguistique. Où il assiste, peu convaincu de leur utilité, à des recherches en phonétique.

  • 2005-09-20
  • Comments Off

Ian Rankin is one of a small handful of mystery writers whose work I particularly enjoy. And since, let’s face it, I read faster than he can write new novels, I had postponed reading the latest one of his Detective Inspector John Rebus series, Fleshmarket Close. It’s as good as all the others — the plot […]

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  • 2005-09-19
  • Comments Off

C’est dans Le Monde : Afghanistan : succès relatif de la journée électorale, un soldat français tué D’accord, il y a une virgule, et non pas deux points. Néanmoins…

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Cricket

Votre serviteuse regarde du cricket. Et ne comprend rien.

I’ve retreated down the pub, to relax after a long day. There’s a TV set running, showing something called “the Ashes”. And of course, me being a total cricket moron, I don’t understand a bit of what’s going on. In the beginning it looked like England was winning “that little urn”, with “three wickets left”, […]

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A relative clause there’ll have to be some thinking over

Des problèmes avec une phrase relative en anglais.

So I was reading about the sad and horrifying loyalist#[1] riots that took place in Belfast over the weekend. Until I stumbled over a sentence, a quote of Ian Paisley. In the Guardian, the construction that puzzled me looks like this (emphasis mine): Then tension hit a higher notch when Ian Paisley, the now undisputed leader of […]

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theguardian …

Le Guardian… d’accord, on évitera le cliché « fait peau neuve ». Il a changé de formule. Assez radicalement, car il passe du format (très large) « broadsheet » au Berlinois, c-à-d le même que Le Monde.

Suivez les liens pour accéder à l’édition numérique (en entier, encore pour deux semaines) et faites-vous une idée, si cela vous branche.

… is all shiny and new and blue as of today. With a lowercasenospaces masthead. On the Editors’ Blog, several commenters call it “thegrauniad” already. Seriously, I rather like it. The new (”Berliner”) format is the same as Le Monde’s, which I’ve always found the most pleasant newspaper to handle, with only a minimum of […]

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Euphemism of the day: concertina wire

Appeler ces barbelés meurtriers aux lames aiguisées comme des lames de rasoir fil accordéon est un euphémisme quelque peu extrême.

  • 2005-09-11
  • Comments Off

From the Washington Post (reg. req’d I think; you can also try to access the article via bugmenot). National Guard crews are setting up double rows of coiled razor wire in front of the tracks and will continue to do so until the fencing blocks the ravaged coast for 30 miles. […]

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Non-eggcorn: “equilateral(ly)”

Une liste d’exemples du mot «equilateral», notamment sous sa forme adverbiale (que le français ne connaît pas, de ce que j’en sais), dans des contextes surprenants.

Ce n’est pas un poteau rose, pour autant.

My first sighting was in a report from a tech volunteer in the Astrodome in Houston, quoted on BoingBoing. There are plenty of issues that need to be discussed, but the evacuees are keeping the area very clean and equilaterally said they were happier to be in the Astrodome than stuck in the Superdome […]

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