Le projet de loi sur le « trou analogique » imposerait une loi secrète

A contribution to the first edition of the Carnival of Blog Translation. Anglophones can read the original post, which is translated here: Analog Hole Bill Would Impose a Secret Law, on Ed Felten’s post Freedom to Tinker. The choice has been influenced by the DMCA-like bill currently under discussion in France.

Ce billet est une contribution à la première édition du « Carnaval de la traduction » initié par Liz Henry. J’ai choisi de transposer dans un français j’espère à peu près compréhensible un billet du professeur Ed Felten de l’université de Princeton aux États-Unis. Son blog, Freedom to Tinker (cela donne « La liberté de bidouiller ») se tient dans les interstices entre le droit et l’informatique.

Alors qu’en France, l’Assemblée nationale considère une loi qui, bien que transposant une directive européenne, reprend plusieurs dispositions du DMCA américain, les États-Unis sont en train d’aller plus loin. Le Congrès débat actuellement d’un projet de loi qui, au-delà de la protection des dispositifs GDM (également appelés DCU ou DRM), vise à boucher ce qu’ils appellent le « trou analogique » (« analog hole ») : la possibilité de copier un enregistrement numérique potentiellement protégé en passant par les techniques analogiques. Voici ce qu’Ed Felten a découvert à ce sujet…

Si vous avez lu ce blog récemment, vous savez que je ne raffole pas de la loi Sensenbrenner/Coyners#[1] sur le « trou analogique ». Cette loi exigerait que tous les appareils vidéo analogiques fussent équipés de deux dispositifs techniques, appelés CGMS-A et VEIL#[2]. CGMS-A est raisonnablement bien connu, mais le système VEIL de protection des contenus est relativement récent. Je voulais en savoir plus.

J’ai donc adressé un e-mail à la société qui vend VEIL et leur ai demandé s’ils voulaient bien me faire parvenir une copie de ses spécifications techniques. Je me suis dit que j’allais bien les obtenir. Après tout, la loi rendrait les spécifications de VEIL obligatoires — les spécifications feraient effectivement partie de la loi. Ils n’allaient certainement pas proposer de voter une loi secrète. Ils n’allaient certainement pas dire que les citoyens ne fussent pas autorisés de connaître le contenu d’une loi que le Congrès est en train de discuter.

Après quelques allers-retours, la société eut l’amabilité de m’expliquer que je pouvais bel et bien recevoir les spécifications sous condition de signer, d’abord, leur contrat de licence. Ce contrat m’obligerait à : a) leur payer la somme de 10.000 dollars et b) promettre de ne parler à quiconque du contenu des spécifications. En d’autres termes, je peux connaître le contenu de la loi dont le Congrès est en train de débattre, mais seulement en payant 10.000 dollars à une société privée, et seulement si je promets de ne dire à personne ce qui est dans la loi, ni de participer à un débat publique là-dessus.

Pire encore, le contrat de licence ne couvre que la moitié du dispositif : le décodeur VEIL, qui détecte les signaux VEIL. Il n’y à pas moyen pour vous et moi d’être avertis du fonctionnement de l’encodeur qui ajoute les signaux VEIL à une vidéo.

Connaître les détails de ce dispositif est important pour pouvoir évaluer ce projet de loi. De combien cette loi, si elle entrait en effet, augmenterait-elle le prix d’une télé ? Dans quelle mesure gênerait-elle le développement futur de technologies nouvelles dans le domaine de la télévision ? Quelle est la probabilité que le dispositif empêcherait de faire des copies autorisés ? Dans quelle mesure le dispositif s’adapterait-il aux développements de l’avenir ? Toutes ces questions pèsent dans le débat sur cette loi. Et nous n’en pouvons répondre à aucune si la partie technique de la loi est secrète.

Ce qui nous amène à la question la plus intéressante de toutes : Les membres du Congrès eux-mêmes et leur assistants, sont-ils autorisés, eux, à voir les spécifications techniques et d’en parler ouvertement ? Sont-ils autorisés à demander conseil à des experts ? Ou bien, le contenu complet de ce projet de loi, est-il tenu secret même vis-à-vis des législateurs qui en débattent ?

(P.S.: Je suis autorisée à traduire ce billet car Ed Felten l’a mis à disposition sous contrat de licence Creative Commons. Merci.)

NDLT :

[1]: Noms des rapporteurs. [2]: L’acronyme VEIL signifie « voile ».


Oh bugger! (A public service announcement)

Le sketch The Word “Fuck” [mp3] [script], bien que confidentiel, a été largement attribué à Monty Python. Il semble que cela ait été par erreur : un témoignage affirme que l’auteur de la version finale fut un certain Jack Walker, connu pour ayant été «la voix de Disney» dans les parcs d’attraction de cette société. Ceci collerait également mieux à l’accent nord-américain cultivé qu’on peut entendre sur l’enregistrement.

I may have inadvertently contributed to circulating a falsehood. It concerns a brilliant bit of comedy that goes by the title The Usage of the Word “Fuck” or The History of the Word “Fuck” or simply Fuck, The Word. Neither the script nor the recording is particularly easy to find, but wherever I saw it referenced, it was attributed to Monty Python. The delivery and format are sufficiently Pythonesque that it never occurred to me to doubt their authorship, even though the cultured American-accented voice on the recording doesn’t seem to belong to any of the Pythons and the skit is not part of their famous collections.

This morning on IRC, Dan Dickinson kept insisting that this work couldn’t be Monty Python’s. He came up with a page that quotes an e-mail claiming that while the origins of the recording are still in the dark, the author and speaker of the final version was one Jack Wagner:

The guy who does the audio on the “Fuck, The Word” (aka “The Word Fuck”) track is NOT George Carlin, nor is it Monty Python, as is often credited.

It is the late Jack Wagner, the former ‘voice of Disneyland’.

I know, since I gave him the ORIGINAL copy on tape (before the internet) in 1989 during a time when we worked together. I have NO IDEA who did that version, but it was much shorter & the quality of the tape was quite poor. (Musicians, voiceover artists, engineers and other recording guys often traded tapes of rare & funny stuff. Unfortunately, quality was lost in generation after generations of copies.) Jack decided to re-do it, correcting some grammar and adding a few more examples of his own, then backed the whole thing up with the Vivaldi music.

I know this - I had the original copy and heard it first. Later, I heard from other techies at the park that he was so proud of it that he’d share it with everyone. I had always worried it would get him into trouble, but if ANYONE at Disneyland had ‘job security’, it would be him!

Years later when I heard it on the internet (the world’s bulletin board or bathroom wall), I just had to snicker. But we need to give credit where credit is due. His family may wish to forget it - the ‘park’ certainly does! - but he seemed to have been proud of it, so give him the creds.

The author of this missive wants to remain anonymous so as not to endanger his employment. But as anonymous e-mails go, this one is rather convincing. I’m happy to give credits to Jack Wagner. Even better: if this story is true, I see no reason not to make the recording [mp3] available for download.

Update, 2007-06-03: This little document is responsible for an astonishing part of my download bandwidth. I have therefore uploaded it to the Internet Archive and changed the link to their service. Many thanks.


  • 2005-01-11
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Avec un peu de recul, quelques remarques de plus sur l’affaire Guillermito/Tegam. (Après les parties une et deux, en anglais, ce billet a une version française.)

Primo, c’était un plaisir de rencontrer Veuve Tarquine à Paris Carnet. Elle m’a expliqué que contrairement à ce que j’avais écrit, l’avocat de Tegam n’était pas mauvais, mais qu’il suivait une stratégie légale par nécessité. Compte tenu du fait qu’il n’était même pas acquis que Guillermito ait commis une infraction ou contrefait le logiciel en question, et vu le sérieux et la pertinence de ses analyses, l’avocat ne pouvait que tenter de rabaisser Guillermito et pratiquer l’obscurantisme par rapport aux aspects techniques.

Deuxio, Lunar (à qui j’ai pu parler aussi) a mis le doigt sur le sexisme de l’institution judiciaire, un point qui m’a effleurée depuis que j’ai commencé à lire Eolas. Le procureur dans la rôle du Père-avec-un-grand-P, l’absence totale de progrès sur la féminisation des noms de fonction et métier dans ce domaine, sont en conflit avec la réalité pratique, les nombreuses avocates et juges et même procureures qu’on voit dans le Palais de Justice. D’accord, on ne va pas encore pouvoir se passer de l’apellation « Maître » car la forme féminine remplit déjà deux fonctions bien différentes. Sauf à abandonner un peu de formalité et de rituel, ce que ne serait pas forcément une mauvaise idée, mais ce n’est pas moi qui décide.

Ensuite, il y a des surprises dans les fils de discussion sur les blogues de nos chers avocats-blogueurs. Bon, des surprises pour ceux qui n’ont pas l’habitude des Pieds Nickelés de la guéguerre informationnelle. A lire chez Veuve Tarquine et Eolas. Je me demande à qui cela profite de vilipender les mobiles de Guillermito et faire la pub pour Tegam. Ce ne serait pas la même stratégie que celle mentionnée plus haut ?

photo d'un tableau représentant Justice dans la chambre correctionnelle n°10 à Paris

En ce qui concerne l’aimable commentateur de chez Veuve Tarquine qui exige la condamnation de Guillermito, remarquons d’abord que cela est précisément un des enjeux de la décision du tribunal, à savoir trancher si la loi a été transgressée ou non. C’est la première fois qu’il y a un procès de ce genre en France. Et même s’il se trouve que les juges considèrent que c’est le cas, dans un État de Droit de type démocratique on peut ne pas être d’accord avec la situation légale actuelle. La loi, ça se change, ça se réforme. On a tout un parlement pour ça. Et sa profession d’avocate n’empèche pas que Veuve Tarquine ait des opinions et les exprime librement.

Ce dédain pour le droit à la libre expression, bien moins présent pendant le procès que l’insistance sur celui à la libre concurrence, est l’une des raisons pour laquelle les propos du procureur ont trouvé un tel écho. Il a bien dit que quand on trouve des défaut dans un logiciel, « il n’y a pas d’autres » possibilités que soit créer un produit concurrence et faire confiance à « la libre concurrence, le meilleur mécanisme d’améliorer les produits », soit d’aller déposer plainte à la police de la consommation, soit, à la limite et seulement si on est journaliste, écrire un article dans les strictes limites du loi sur la presse. Le consommateur moyen n’a pas à comprendre, ni à apprendre comment fonctionne l’informatique. Il a à se soumettre.

Enfin, j’ai trouvé, encore chez Veuve Tarquine, une image de la Justice qui trône au-dessus des juges dans la salle où a eu lieu le procès. Je le reproduis avec permission. Son regard lointain, en l’espèce, était fixé sur Monsieur le Procureur de la République.


Rule of Law and of the free market (part 2)

Le procès de Guillermito, deuxième partie en anglais.

This is the second part of an article on Guillermito’s trial for criminal copyright infringement. The first part is here. It is not my goal to summarise the entire case: I am not a lawyer, copyright law is different in every country (and my knowledge of it little more than hazy), and I also don’t have […]

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Rule of Law part one

Le proces de Guillermito pour contrefaçon de logiciel. Pour une excellente collection de liens en français, voir chez Laurent.

  • 2005-01-05
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The new year started with a bang#[1]: Steph is visiting Paris. The more common tourist attractions aren’t good enough for this Anglo-Swiss star of the francophone blogosphere, so after lunch and some pleasant conversation, we went to a criminal trial. Not any old trial, of course, but Guillermito’s. French blogs are talking about the case […]

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  • 2004-11-11
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Belle récolte de fichiers audio ou video téléchargeables. D’abord dans la catégorie politique : Ifilm propose Submission (VO, c-à-d en anglais majoritairement, sous-titré en néerlandais) de Theo van Gogh et Ayaan Hirsi Ali’s comme fichier .mov / Apple Quicktime. Merci Viewropa. Toujours sur Viewropa, j’ai découvert cette collection de chansons Rock/Pop (mp3). Étant fan de Beth […]

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