Il neige dans mon coeur
Comme il neige sur la ville,
Quelle est cette langueur
Qui recouvre mon coeur?

O chuchotis de la neige
Par terre et sur les toits!
Pour un coeur qui se piège
O musique de la neige!

Il neige sans raison
Dans ce coeur qui s’écoeure.
Quoi! nulle trahison?
Ce deuil est sans raison.

C’est bien la pire peine
De ne savoir pourquoi,
Sans amour et sans haine,
Mon coeur a tant de peine!

Avec mes excuses les plus humbles à Paul Verlaine.


Trois rencontres créés par l’hasard. Toutes ont eu lieu dans les halls et couloirs souterrains de la ligne 14 du métro parisien. Pour les deux premières, ça s’est produit jeudi dernier, après les au-revoirs avec Steph, Gare de Lyon. La dernière, lundi. J’habite près d’un des deux terminus de la ligne 14.#[1] C’est ma ligne.

  • Hostilité. Deux femmes station Gare de Lyon, aux tourniquets. L’une est déjà de l’autre côté, l’autre derrière moi. Je n’ai pas l’habitude de m’offusquer des gens que la RATP apelle les resquilleurs : sauter et laisser sauter, ce sont les us et coutumes du pays. Mais ce jour-là, je suis crevée, je tremble, je tiens à peine debout. Je ne me rends donc pas compte de leur manœuvre.

    La première femme couvre de sa main la cellule infrarouge pour que le tourniquet reste ouvrert après mon passage. Problème, elle est trop rapide, elle empèche la barrière de s’ouvrir devant moi. Je grommelle un peu. Et une fois passée, c’est l’assaut verbal. « Qu’est-ce que ça va te couter de nous laisser passer avec toi ? Connasse ! … ». Je me demande si je vais me faire taper dessus par une femme plus petite que moi. Je brédouille.

    Et c’est là que tombe la phrase. « Je te casse pas les couilles, tu me casses pas les couilles. » Dans une conversation, pour ainsi dire, entre deux femmes, cela fait bizarre. Je me détends involontairement. La situation se détend aussi. Je poursuis mon chemin, elles poursuivent le leur.

  • Le cuisinier collant. A peine échapée à la rencontre précédente, je gagne le quai et m’assieds. Un homme, tiré à quatre épingles, costume-cravate, manteau-serviette me salue. C’est la panique chez moi — peut-être devrais-je le connaître ?

    Moi, je me sens crade, vétue d’un vieux jeans, rêvant d’une bonne douche. J’essaye de faire le minimum de conversation (et puis, c’est idiot, la manière dont les gens ne se regardent pas dans le métro, non ?). Il a un énorme livre de cuisine illustré sur ses genous. J’ai donc un coup d’inspiration et sors la question originale, « C’est un livre de cuisine ? » Grosse erreur. Il est cuisinier. Me raconte son métier. Son adhésion (ou élection ?) à l’Académie Nationale de Cuisine (ou quelque chose comme ça). Et m’intérroge.

    Je ne veux pas parler de moi, ni de ce que je fais, je parle donc de l’internet et des blogues. Avantage : il n’en connaît rien. J’échappe à peine aux bises quand nos chemins se séparent enfin. Déconcertant.

  • Les deux idiots. Idiot, ça vient du grec et signifie personne privée, personne ne se souciant de rien au monde que de soi-même.

    Exemple. Je suis sur l’escalator qui mène sur le quai. Une rame attend, prête au départ. (Rappelons que c’est le terminus.) Devant moi il y a deux hommes de mon âge, qui parlent de leurs iPod, Palm, portables, qu’en sais-je. Et avancent avec une lenteur qui me met sur les dents.

    On est à quelques mètres des portes quand le signal (sonore) retentit. Et les deux badauds règlent leur vitesse de manière qu’ils parviendront à monter, mais personne derrière.

    J’y suis quand même arrivée, j’ai les bleus sur les bras pour le prouver. Oh, quelle innocence offusquée quand je leur jette des regards à fendre l’acier, leur tire dessus avec mes yeux.


[1]: « Terminus. Tous les voyageurs sont invités à déscendre. Last stop. Would all passengers kindly leave the train. Terminal. Invida a todos los pasajeros a bajar. »


A l’aide, je deviens accro de poésie anagrammatique ! Voici les derniers résultats de la recherche (deux en anglais, un en français)  et d’autres encore sont en cours d’assemblage.

Chaque poème est dédié à un/e ami/e en ligne ou non. Si vous vous retrouvez, vous pouvez garder le votre.

ah bland honey jar

ann had herbal joy
rehab only had jan
oh jan, bleary hand!

handy banjo haler
heal nonhardy jab

posh hebetation

hip banshee toot
bathes hope into
this beaten hoop

bitnet op has hoe
hits at neophobe
toshiba potheen
beneath hips, too

seine bath photo
sabot pointe, heh!

galante longueur

ego glanant lueur
lorgnera geulant
étrangla gnu élu
alléguera tong nu
un langage loutre

glanage tue luron
nul lagunage rote


Anagram poetry

Poésie anagrammatique assistée par ordinateur.

GENITALIC WHIRS by A Chisel Writing erica whistling heliac writings citing welsh air a new girlish tic lawn-git cries hi wiling heirs act! angelic his writ within glaciers […]

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Christmas

Un billet pour Noël, fête au gout doux-amer, et plus amer que doux, pour moi. Les liens postfacés par (fr) sont en français, les autres en anglais.

  • 2004-12-25
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Special Christmas offerings from my favourite blogs: Dr Dave, the unknown genius, has created a beautiful and heart-warming visual around the 友, which means “friend”. caelestis, the noble savage, rolls philology and linguistics into a single post about Luke 2:2, Christmi and Tagalog. Mark Liberman at Language Log tells scary stories about talking animals. Anne Archet notes down a […]

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HCB

Remarques sur la mort de Henri Cartier-Bresson.

Two days ago, at the age of 95, Henri Cartier-Bresson died. On the Libération site, there is a well-selected collection of links to online exhibitions of his work. What I find most interesting is that at this time of obituaries, the press is full of prints of photographs of, rather than by him. One […]

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